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Channel: Commentaires sur : La Ministre méprise les Présidents
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Par : Patrice Brun

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Certes, lorsque les établissements sont entrés dans les RCE, la dévolution de la masse salariale ne s’est pas faite à 100%. Dans mon université, le refus de l’extension en année pleine des promotions accordées par le ministère l’année précédant l’entre dans les RCE a coûté fort cher et on a pu, en son temps, estimer à 800.000 euros le « manque à gagner » ou plus exactement, le « plus à payer » pour l’établissement. Ces sommes n’ont jamais été rattrapées.
Par contre, il y a des décisions ayant un fort impact budgétaire qui sont prises en interne et dont on ne peut en aucun cas accuser le ministère, celui-ci comme le précédent. Toujours dans mon établissement, alors que l’on s’apprête à geler des postes (le bruit court que 10 postes sur les 23 vacants le seraient), le CT, puis le CA, dans une belle unanimité, ont voté une augmentation des primes BIATS de 60.000 euros. Et jamais le nombre d’heures de décharge n’a été aussi élevé. La paix sociale n’a pas de prix mais, comme disait l’autre, elle a un coût que nous semblons ignorer.
Il fut un temps – qui n’est pas si éloigné – où c’était le ministère qui accusait les universités et leurs présidents de ne pas savoir gérer et espérait voir la colère des la « base » se détourner à l’encontre de ces derniers. Ce temps n’est, semble-t-il, pas révolu. Mais vient se greffer un autre combat, à front renversé cette fois : celui où les présidents accusent unilatéralement le ministère d’asphyxier les établissements, sans voir ou en faisant semblant d’ignorer qu’ils ont aussi leur part de responsabilité dans la dégradation des finances de leurs établissements.
On assiste désormais à un jeu de « ping-pong » rhétorique qui ne fait guère avancer la réflexion. Car il faudrait que chacun se positionne vraiment : il semble que beaucoup, y compris parmi les présidents (on se souvient du « manifeste des 14″ il y a un an de cela) à ne plus vouloir l’autonomie. Mais on a parfois l’impression que certains, y compris parmi les plus virulents contre cette autonomie, en utilisent certaines dispositions qu’ils trouvent avantageuses (je pense aux primes et aux décharges, mais pas seulement) sans accepter l’autre versant – gestionnaire – de l’autonomie. Si on ne veut plus du tout d’autonomie et revenir à la situation antérieure à 2007, il faut accepter que les établissements n’aient plus leur mot à dire sur le redéploiement et le profilage des postes, sur la politique des primes et des décharges, et laisser tout cela au bon vouloir du Ministère et de ses bureaux. Mais je n’ai pas l’impression que le « manifeste des 14″ disait cela…
En d’autres termes, je crains que, collectivement, nous voulions conserver les avantages de l’autonomie sans en avoir le moindre inconvénient. En français populaire, ça s’appelle vouloir le beurre, l’argent du beurre et le sourire (sinon le culotte) de la crémière.
Osera-t-on dire qu’il y a là comme un paradoxe?


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